Le parcours de Nicole
Dans les années 80, je me mets à la peinture, d’abord l’huile, le pastel. Puis, je découvre l’aquarelle qui me convient mieux. Pour approfondir, je m’inscris alors à de nombreux stages, dont celui de Véronique Legros Sosa, que je suis pendant plusieurs années.
L’aquarelle me plaît beaucoup, mais ne me satisfait pas totalement. Je continue donc à tester d’autres techniques. En 2015, j’ai une révélation lors d’une initiation à la poterie.
Pouvoir créer en 3D, c’est ce que je recherchais sans le savoir !
Curieuse de tout ce que le travail de la terre peut m’apporter, j’essaie différentes techniques, différentes façons de travailler l’argile. Puis, très vite, je sens que l’utilisation du tour est, pour moi, une évidence.
Même si l’apprentissage s’avère plutôt ardu, je sens qu’avec le tournage, je vais gagner en liberté de création et, surtout, pouvoir m’exprimer comme je le souhaite. Avec le tournage, il y a toujours quelque chose de magique lors des réalisations. C’est fascinant.
Je me forme au travail de la terre en suivant mon instinct. Au fil des rencontres, des expériences, de mes lectures, d’expos ou de recherches sur internet… je nourris mon inspiration. Et très vite, j’investis dans un tour et un four pour devenir autonome.
Puis, attirée, depuis un moment, par le raku, j’apprends cette technique particulière auprès de l’artiste Anne Malécot Boutin, à Castelnau de Médoc.
Face au courant – cuisson raku émaillé – ht.38xl.25 cm
A cheval – pot tourné sur bois flottés, cuisson raku – ht.22xl.30 cm
La démarche de la céramiste raku
Le Raku est une technique d’émaillage spectaculaire et pleine de surprises.
Il s’agit d’opérer une double cuisson des pièces : la première en montée progressive jusqu’à 1000°C en 12h et la seconde en montée rapide jusqu’à 950°C en 1 heure. Entre les deux cuissons, on procède à l’émaillage. Après la seconde cuisson, on produit un choc thermique en plaçant les pièces une à une dans un récipient métal plein de copeaux de bois. Ces derniers s’enflamment et produisent du carbone qui va s’infiltrer dans les craquelures formées par le choc thermique et sur les surfaces non émaillées. Les parties émaillées, elles, prennent, par endroit, des teintes irisées, dues aux oxydes métalliques présents dans les émaux.
J’aime la part d’aléatoire, d’imprévu que cette technique apporte. Le résultat est toujours une surprise. Chaque pièce est unique, contrainte par les effets imprévisibles de l’enfumage.
Lorsque je crée mes pièces, le temps ne compte plus. Mon ressenti est intense. Je suis toute entière absorbée par les éléments, la terre, le feu…
Mes inspirations viennent en premier lieu du monde de la mer. Ma pratique de la plongée sous-marine est une source intarissable et privilégiée.
Puis quelques découvertes rencontrées ici et là : graines, écorces, feuilles… peuvent devenir autant d’empreintes décoratives sur des objets usuels ou une sculpture…
Et si je ramasse quelques racines ou bois flottés inspirants, j’imagine déjà le pot qui viendra les chevaucher ou les enlacer… Tout est prétexte à servir de support ou de décor à quelques futures pièces, qui pourtant, me surprendront toujours, une fois, l’enfumage terminé.
Nicole Brard – 2020
La Galerie de Nicole Brard
